Chronologie de la révolution
6 juin 2010 : Décès de Khaled Saïd, martyr qui a cristallisé la mobilisation en Égypte. Ce jeune homme de 28 ans d’Alexandrie a été arrêté dans un cybercafé et tabassé par la police. Khaled Saïd avait diffusé sur Internet une vidéo montrant deux policiers se partageant de la drogue après un coup de filet. Suite à la diffusion de la photo de son visage déformé et de sa mâchoire disloquée sur Internet beaucoup de gens se révoltent.Des groupes portant son nom sont créés sur Facebook, tels la page portant le nom : « Nous sommes tous Khaled Saïd ». Le phénomène se propage dans la société égyptienne. Les manifestations se multiplient dans les grandes villes pour dénoncer la violence policière.
25 janvier 2011 : Après la révolution tunisienne, plusieurs mouvements égyptiens appellent à manifester. C’est le début de 18 jours de manifestations au Caire et dans les grandes villes du pays. Les réseaux sociaux relaient les informations. Certains seront bloqués. Les mots d’ordre de cette journée sont : « Une journée de révolte contre la torture, la pauvreté, la corruption et le chômage » et « A bas Moubarak ! ». Le 25 janvier est aussi le jour de la fête de la police en Égypte. Cette date a été choisie exprès par les activistes qui savaient que beaucoup de policiers auraient congé ce jour-là.
26 janvier et 27 janvier 2011 : La mobilisation ne faiblit pas : des milliers d’Égyptiens descendent dans les rues et demandent le départ du président Moubarak.
28 janvier 2011 : Le siège du Parti national démocratique est incendié (parti du gouvernement en place). Un couvre-feu est décrété au Caire, à Alexandrie et à Suez. Le président fait appel à l’armée pour maintenir l’ordre. Le gouvernement est limogé et des réformes sont annoncées. On déplore au moins 62 morts lors de cette journée.
29 janvier 2011 : Le couvre-feu n’est pas respecté, les Égyptiens continuent de manifester. Omar Souleiman est nommé vice-président et Ahmad Chafic, premier ministre. L’armée se déploie dans les villes, mais elle n’intervient pas directement.
30 janvier 2011 : Des milliers d’habitants du Caire se rassemblent sur la place Tahrir.
31 janvier 2011 : Le président Moubarak annonce la formation d’un nouveau gouvernement. L’armée refuse d’utiliser la force contre les manifestants et juge leurs revendications légitimes.
1er février 2011 : 8e jour de la révolution, Hosni Moubarak annonce qu’il renonce à briguer un autre mandat lors des prochaines élections présidentielles. Des millions d’Égyptiens continuent à manifester, et ce malgré les coupures des réseaux de communication.
2 février 2011 : Jour de la fameuse « Bataille des chameaux », des Egyptiens pro-Moubarak attaquent à dos de chameaux la foule regroupée sur la place Tahrir. Le bilan est d’au moins 5 morts et de plus de 800 blessés.
3-4-5 février 2011 : Les manifestants continuent leurs pressions.
6 février 2011 : Le pouvoir rencontre les forces de l’opposition, dont les Frères musulmans. On parle de « Transition pacifique basée sur la constitution ».
7-8 février 2011 : La population reste mobilisée. Les manifestants réclament toujours le départ du président Moubarak. Wael Ghonim, cybermilitant et jeune directeur marketing de Google Moyen-Orient, est libéré après 12 jours d’emprisonnement.
9 février 2011 : Le gouvernement menace la population d’une intervention de l’armée en cas de « chaos ».
10 février 2011 : La télévision d’État annonce que le président Moubarak fera une déclaration. Dans un premier temps, les Égyptiens pensent qu’il va quitter le pouvoir. À 22 h 46, Hosni Moubarak annonce qu’il reste au pouvoir mais qu’il délègue certains pouvoirs à son vice-président — Omar Souleimane. Fureur et déception parmi les manifestants.
11 février 2011 : Au 18e jour de mobilisation, le vice-président, Omar Souleimane annonce que Hosni Moubarak quitte la présidence, et remet le pouvoir à l’armée.
Une journaliste américaine, Lara Logan, est agressée sexuellement à Tahrir. Première évocation de la situation des cas d’agressions sexuelles pendant la révolution égyptienne dans la presse mondiale.
13 février 2011 : Le Conseil Suprême des Forces armées (CSFA) prend en charge la direction des affaires du pays. Il annonce la suspension de la constitution et la dissolution du parlement. Il déclare que l’armée ne restera au pouvoir que six mois ou jusqu’aux prochaines élections parlementaires.
19 mars 2011 : Le projet de révision de la constitution est approuvé par référendum par 77,2 % des votants.
13 avril 2011 : L’ancien président Moubarak et ses deux fils sont placés en détention provisoire.
27 mai 2011 : Des milliers de manifestants se dirigent vers la place Tahrir pour presser le CSFA à accélérer les réformes démocratiques.
6 juin 2011 : Le parti de la liberté et de la justice est légalisé. Il est issu des Frères musulmans.
Juillet 2011 : De nombreuses manifestations ( 8-15-23 juillet ) ont lieu pour pousser l’armée à accélérer les réformes.
3 août 2011 : Ouverture au Caire du procès de Hosni Moubarak.
9 octobre 2011 : Une manifestation de Coptes pour protester contre l’incendie d’une église dans la région d’Assouan dégénère. Vingt-quatre personnes sont tuées lors de ces affrontements avec les forces de l’ordre. Cet évènement porte le nom de massacre à Maspero.
28 novembre 2011 : Les bureaux de vote ouvrent leurs portes. Le scrutin se déroulera jusqu’au 10 janvier. 50 millions d’Égyptiens votent pour les premières élections libres depuis la chute du régime de Moubarak.
19 décembre 2011 : Quatrième journée de violences opposant les manifestants aux forces de sécurité. Après avoir été dispersés, les manifestants reviennent sur la place Tahrir et brandissent des photos où apparaît l’un des symboles du combat des femmes égyptiennes, « La jeune femme au soutien-gorge bleu ». Cette manifestante a été traînée et tabassée par des officiers lors d’une manifestation.
21 janvier 2012 : Les résultats officiels des législatives sont annoncés, les islamistes sont les grands vainqueurs avec 72 % des sièges parlementaires.
25 janvier 2012 : Premier anniversaire de la révolution égyptienne. Les manifestants sont très nombreux : ils reprennent les slogans de la révolution : « Du pain, la liberté et la justice sociale ». Une atmosphère de joie mais aussi de mécontentement plane sur le pays : les Égyptiens réalisent que beaucoup de leurs demandes sont toujours hors de leur portée.
1er février 2012 : 74 morts dans des affrontements entre des supporters de football dans la ville de Port-Saïd.
8 mars 2012 : Appel de huit femmes arabes pour la Dignité et l’Égalité des femmes. Les auteures sont : les Tunisiennes Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH et Bochra Belhadj Hmida, avocate et ex-présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates, les Égyptiennes Shahinaz Abdel Salam, blogueuse et activiste, Nawal El Saadawi, écrivain et médecin psychiatre, Tahani Rached, réalisatrice égyptienne, la romancière syrienne Samar Yazbek, l’avocate libyenne Azza Kamel Maghur et l’essayiste algérienne Wassyla Tamzali. Cet appel demande aux politiciens d’agir pour prendre les mesures législatives nécessaires pour assurer aux femmes l’égalité des droits, pour lutter contre les violences, pour « protéger les femmes des inégalités sociales et économiques ».
10 avril 2012 : La justice suspend l’assemblée constituante désignée pour rédiger la future constitution.
23-24 mai 2012 : Premier tour des élections présidentielles, quinze mois après la chute du président Moubarak. Les électeurs ont le choix entre douze candidats.
5 juin 2012 : Des femmes qui manifestent contre le harcèlement sexuel sur la place Tahrir sont attaquées par un groupe d’hommes. Plusieurs d’entre elles sont agressées sexuellement.
7 juin 2012 : Accord sur la formation de la commission chargée de la rédaction du texte de la constitution.
14 juin 2012 : La Cour constitutionnelle déclare la composition du parlement illégale. Le 16 juin, le maréchal Tantaoui dissout formellement le parlement.
16-17 juin 2012 : Deuxième tour des élections présidentielles.
24 juin 2012 : Mohamed Morsi, chef du parti de la Liberté et de la Justice, est déclaré vainqueur de la présidentielle égyptienne.
30 juin 2012 : Le président Morsi prête serment.
8 juillet 2012 : Le président Morsi adopte un décret annulant la dissolution de l’assemblée. Le 9 juillet, la Haute Cour constitutionnelle déclare : « Les jugements et l’ensemble des décisions de la haute cour constitutionnelle sont définitifs (...) et sont contraignants pour toutes les institutions de l’État ».
12 août 2012 : Le président Morsi écarte le maréchal Tantaoui du pouvoir. Ce dernier annule les pouvoirs législatifs accordés à l’armée à la suite de la dissolution du parlement. Le président Morsi cumule le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif jusqu’à la tenue d’élections législatives.
22 octobre 2012 : Le Conseil national des femmes rejette le nouveau projet de constitution. Elles disent que la nouvelle constitution désavantage grandement les femmes égyptiennes.
22 novembre 2012 : Le président Morsi élargit ses pouvoirs, ses décisions ne peuvent faire l’objet de recours devant la justice. Il limoge le procureur général, Abdel Meguid Mahmoud.
30 novembre 2012 : L’assemblée constituante adopte le projet de constitution.
8 décembre 2012 : Le président Morsi annule le décret qui élargissait ses pouvoirs.
15-22 décembre 2012 : Référendum sur le projet de constitution.
25 décembre 2012 : La constitution est adoptée avec 63,8 % pour le oui. Des femmes se coupent les cheveux sur la place Tahrir en guise de protestation. Elles protestent contre le harcèlement sexuel dont ont été victimes les femmes égyptiennes pendant le référendum sur la constitution
25 janvier 2013 : Deuxième anniversaire de la révolution. Les manifestations sont très nombreuses partout dans le pays et les Égyptiens sont en colère. Lors de ces rassemblements, on dénombre dix-neuf agressions contre des manifestantes.
26 janvier 2013 : Violents affrontements à Port-Saïd suite à la condamnation à mort de 21 personnes, impliquées dans les heurts lors du match de football du 1er février 2012. Violence devenue quotidienne en février et mars 2013 dans la ville.
12 février 2013 : Journée de solidarité en Égypte et partout dans le monde contre le harcèlement sexuel dont sont victimes les Égyptiennes quotidiennement.
14 février 2013 : Journée mondiale contre les violences faites aux femmes.
6 mars 2013 : Un tribunal administratif ordonne l’annulation des élections législatives prévues à partir du 22 avril 2013, pour des raisons techniques : le Conseil de la Choura, la chambre haute du parlement, n’a pas renvoyé devant la Haute Cour constitutionnelle la loi électorale amendée pour qu’elle soit une dernière fois examinée avant son adoption.